mardi 25 novembre 2008

Lu dans La voix du Nord


Dipoula, c'est l'histoire d'un petit albinos gabonais dans lequel tous les enfants peuvent se reconnaître malgé sa situation particulière.

Dépêche de l'AFP,il y a quelques jours : « Burundi : une fillette de six ans, dernière victime de la chasse aux albinos. » Ce triste fait divers n'est pas un cas unique. En Afrique, les albinos sont,encore aujourd'hui, victimes d'exclusions, de persécutions et même d'assassinats dans des buts magiques. Ce thème, grandement édulcoré, sert de base à la nouvelle BD de Sti, le papa des Rabbit.
Fruit d'une collaboration franco-gabonaise menée sous l'égide d'un éditeur suisse, Dipoula a quelque chose d'universel, même au-delà de sa paternité multiculturelle. « Chez les noirs, Dipoula est pris pour un blanc et, chez les blancs, on le rejette parce qu'il est noir. » Dans l'album, Sti et son complice, le dessinateur gabonais Pahé, mettent en scène un petit garçon de 8 ans qui a eu le malheur de naître albinos au Gabon. Et si on est loin du sordide fait divers, la BD se fait fort de délivrer un message qui, d'ici ou d'Afrique, prône la tolérance. Après une première page présentant la condition des enfants albinos dans toute son horreur (abandon et rejet), l'album se décide à jouer la carte de l'humour. Au fil des pages, Dipoula et ses copains, Blazé Blazé et Cissoko, se baladent dans le Gabon natal de Pahé, essayant de « rendre noir » le petit albinos, de libérer les singes emprisonnés et vendus comme viande au marché, d'emballer les filles... bref, de vivre !

Imprégné de culture gabonaise

Réunis par le biais de Paquet, leur éditeur, Sti et Pahé ont immédiatement accroché. « On a commencé à discuter sur le net après la sortie du tome 1 des Rabbit, raconte Sti qui n'a pas hésité à accepter d'écrire le scénario de Pahé. Son personnage de Dipoula existait déjà ; il suffisait de mettre en scène les histoires. Le problème, c'est que je connaissais pas du tout l'Afrique. » Le Chapellois boucle donc ses bagages et s'envole pour le Gabon en mars. Dans ses valises, quelques pages déjà écrites, histoire de voir si le courant passe toujours avec Pahé. « J'ai passé une semaine entière là-bas et Pahé m'a tout fait visiter ou presque. Une fois imprégné de la vie gabonaise, j'avais le scénario en tête et tout l'album s'est fait grâce à des échanges internet. On avait plusieurs thèmes en tête : l'intégration, la fraternité, l'acceptation des autres... », raconte Sti. Le tout étant de réussir à faire passer un message par l'humour. « Ce qui permet d'aborder des thèmes délicats comme la différence, le rejet, l'intégration dans un groupe, tout en évitant les démonstrations pompeuses grâce à un humour qui sait se mettre au niveau des enfants. » Et ça fonctionne puisque Dipoula, avant même sa sortie, a déjà séduit le jury de « Gang des talents », présidé cette année par Luc Besson, qui l'a sélectionné parmi les six meilleurs albums de l'année.
L'album sort en France et en Suisse demain et les auteurs espèrent réunir le financement nécessaire à une sortie au Gabon. « On voudrait faire un album souple qui pourrait être distribué gratuitement dans les écoles et les orphelinats du Gabon », précise Sti. Parce que le message servira là-bas aussi.

FLORENCE PIAZZETA

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